Josée et la littératie physique inclusive : une passion pour le sport née grâce au hockey luge
Pour ce tout premier article en tant que collaboratrice du Réseau Accès Participation et de Le sport c’est pour la vie, je me présente : Josée, 29 ans, jeune femme handicapée. J’ai le mandat de vous parler de littératie physique inclusive. Mais ça, on y reviendra! Et pourquoi moi? Grande prématurée née à 27 semaines de grossesse, mon début de vie fut disons… périlleux! Moins de 3 livres à la naissance, incubateur, nombreuses semaines à l’hôpital… Le résultat? Paralysie cérébrale. Les séquelles? On les connaîtra au fur et à mesure de ma vie.
Avoir un handicap et aimer bouger, comment faire?
29 ans plus tard, on connait les conséquences : spasticité, raideurs musculaires, troubles d’équilibre, difficultés de coordination, etc. Pour simplifier, on m’a dit un jour que c’est comme si j’étais née dans un pyjama « une pièce » trop petit. De gros efforts en physiothérapie pendant de nombreuses années et quelques opérations, font en sorte qu’aujourd’hui, je marche sans aide technique. Je ne sais pas si ce sera toujours comme ça, car bien que ma condition ne soit pas dégénérative, comme le corps dégénère avec le temps, ma condition aussi… Comment stopper cela? Bouger qu’ils disaient! Bouger quand tu as passé la mi-vingtaine, quand pour toi le sport est synonyme d’échec, de rejet, de tristesse…On fait cela comment? Ça aussi on y reviendra!
« Pourtant, dans l’enfance, tout s’enlignait pour que j’aime bouger malgré tout. Mon rêve : être la première entraîneurE-chef des Canadiens, rien de moins. »
Cet amour pour le sport faisait partie de moi! Je passais mes étés à nager dans la piscine familiale, à faire du vélo en camping avec mes petites roues. J’allais jouer au soccer dans la ligue locale avec mes amis, et je gardais les buts au hockey dans le garage avec mon petit frère. Puis un jour, j’ai grandi. Il était temps d’enlever les petites roues sur le vélo, de jouer au soccer dans une ligue compétitive, de chausser les patins… Et ça, je n’y arrivais pas. Et pour la fillette de banlieue que j’étais, les adaptations n’existaient pas (encore) !
Le hockey luge, un sport qui allume une étincelle
Entre ça et le moment où j’ai recommencé à faire du sport, il s’est déroulé 20 ans. Un jour, voyant que j’avais toujours plus de difficultés physiques, j’ai décidé d’essayer le sport adapté pour bouger. Depuis bientôt deux ans, je fais partie de l’équipe de hockey luge féminine du Québec. J’aimerais vous dire que c’est le conte de fées, que je suis vraiment talentueuse, que je « score », Mais non. Zéro but en 2 saisons. Je ne sais pas encore s’il y aura une troisième saison, mais ce sport a tout de même rallumé quelque chose en moi. J’ai vécu des moments inoubliables, et surtout, j’ai eu la chance de faire de la luge avec mon frère et ma meilleure amie. Après 15 ans passées dans les estrades avec elle, à le regarder jouer, lui, c’était extraordinaire! Des moments magiques comme celui-là, le sport en apporte plein! Et TOUT LE MONDE devrait y avoir droit à cette magie!
Tout le monde, comme dans littératie physique INCLUSIVE. Revenons-y.
La littératie physique, c’est la motivation, la confiance, la compétence physique, le savoir et la compréhension qu’une personne possède et qui lui permettent de se valoriser et de se responsabiliser vis-à-vis l’activité physique.
Le ski alpin et le hockey luge, des similitudes?
Je vous concrétise ça avec un exemple. Il y a quelques jours, je suis allée en ski. J’ai eu la chance de pouvoir skier debout, avec des bâtons adaptés m’aidant avec l’équilibre et certaines manœuvres (compétences physiques). J’étais tellement excitée avant d’être sur la pente (motivation)! Toutefois, pendant les premières 15 minutes, j’ai ressorti mon traditionnel : « pas capable » des dizaines de fois (la confiance est à retravailler, je sais!) À un certain point, ma professeure a sorti les mots magiques : « Josée, as-tu réussi à faire du hockey sur luge du premier coup? As-tu aimé ça les 15 premières minutes? Es-tu débarquée de la glace? » Non. Non. Non. « Bon, alors pas de raison de lâcher maintenant. »(savoir) Et il y a mieux encore… À un certain point, j’ai réalisé que quand je voulais tourner, j’utilisais mes bâtons adaptés comme pour tourner au hockey luge. Que j’utilisais mes muscles stabilisateurs et le reste de mon corps pour me déplacer, de la même façon que je le fais en luge…Sans même que la monitrice me le demande…(compréhension).
Grâce au hockey luge, la littératie physique faisait maintenant partie de ma vie! Et grâce à la littératie physique, le sport, j’en veux toujours plus. Et maintenant, j’ai des habiletés sportives qui font que les initiations à de nouvelles activités sont toujours plus faciles.
Parfois, je suis déçue d’avoir « perdu » une vingtaine d’années de ma vie à ne pas bouger… Mais c’est une raison pour en faire encore plus maintenant! Suivez-moi dans cette belle aventure chaque mois, sur ce site et sur notre page Facebook, où vous trouverez notamment des trucs pour rendre la littératie physique accessible à TOUS.